Le cabinet de conseil Lucernys, spécialisé dans l’optimisation technico-économique de l’IT, observe qu’un trop grand nombre de projets digitaux prennent insuffisamment en compte les questions opérationnelles liées à la production informatique. Elles sont pourtant le garant d’une transformation numérique réussie.
Bernard Schmitt, Président de Lucernys
Comment parvenez-vous à convaincre vos clients de la nécessité d’impliquer les équipes de production dans leur projet de transformation numérique ?
“1 – vitaliser la réflexion entre les parties prenantes”
Bernard Schmitt : Trop souvent, les projets de digitalisation sont abordés par les couches hautes, sans prendre suffisamment en compte les problématiques réelles des DSI et des directeurs de production. Ces projets sont imposés aux équipes informatiques par d’autres départements de l’entreprise, comme les métiers, sans suffisamment prendre en compte l’ensemble des enjeux techniques.
Ce que nous faisons, c’est vitaliser la réflexion entre toutes les parties prenantes afin que les enjeux et contraintes techniques, notamment au niveau de l’infrastructure, soient bien appréhendés. Dès le démarrage du projet, nous favorisons la prise de conscience sur l’exploitabilité réelle des solutions que souhaite mettre en place le client. Certaines technologies, qui paraissent séduisantes sur le papier, peuvent en effet se révéler être difficilement intégrables et exploitables.
A quel niveau de choix technologiques conseillez-vous les entreprises ?
“2 – identifier les opportunités technologiques”
Notre travail consiste à aider les entreprises à choisir et à mettre en oeuvre les solutions en mesure de supporter les nouveaux services digitaux. Nous les conseillons sur les opportunités technologiques qui s’offrent à eux (environnements cloud ou hyperconvergés, réseaux fixes ou mobiles de nouvelle génération, tablettes et smartphones, virtualisation du poste de travail, téléphonie sur IP, communication unifiée…) tout en veillant à leur interopérabilité avec l’existant et à leur exploitabilité à travers des tendances agiles telles que DevOps.
Que risque une entreprise menant un projet de digitalisation sans suffisamment impliquer la DSI et les équipes de production informatique ?
“3 – éviter les mauvais choix techniques de départ”
BS : Le principal écueil est que la « greffe » ne prenne pas, c’est-à-dire que les nouvelles solutions ne soient pas totalement interopérables avec le SI. En général, cette situation résulte d’un mauvais choix technique de départ, car insuffisamment préparé avec les équipes informatiques. Ces dernières sont consultées trop tard et se retrouvent à devoir rattraper la situation, parfois en reprenant le projet dès le début. Mais ce projet mal élaboré va leur accaparer beaucoup de temps et de ressources qu’elles ne peuvent plus consacrer à l’existant. Donc, non seulement les évolutions du SI n’avancent pas comme prévu, mais le legacy risque d’être moins bien maintenu. L’entreprise est alors perdante sur tous les points. Son projet de digitalisation l’affaiblit au lieu de la renforcer.
Qui doit choisir les solutions à intégrer dans le projet de transformation numérique ?
BS : C’est en effet une question cruciale. Si la décision n’est prise qu’au plus haut niveau, cela risque de ralentir le projet. La direction n’a pas toujours la disponibilité nécessaire pour traiter ces sujets rapidement et certains choix techniques sortent complètement de sa sphère de compétences. Si la décision revient aux métiers, au marketing ou tout autre département sans réelles compétences techniques, le risque est de choisir une solution insuffisamment adaptée au SI.
“4 – nommer un responsable de la transformation numérique”
Une des formules qui fonctionne est de nommer un responsable de projet de transformation numérique, doté d’un certain pouvoir de décision. Bon nombre d’entreprises confient ainsi leur projet numérique à un Chief Digital Officer (CDO). Il doit posséder une vision globale du projet en étant capable de comprendre les problématiques techniques comme les enjeux business. Il doit assurer la cohérence du projet en établissant des passerelles entre les différentes parties prenantes, notamment entre les équipes informatiques et les autres départements.
Quelle technologie d’infrastructure parvient le plus régulièrement à réconcilier la production informatique et la transformation numérique ?
“5 – choisir le bon modèle de cloud”
BS : Le cloud remporte de plus en plus l’adhésion des différentes parties prenantes d’un projet de digitalisation. Il offre un nouveau standard d’agilité qui est appréciable pour la DSI et des avantages, notamment en termes de coûts, qui séduisent les directions générales. Le cloud suscite bien entendu encore de nombreuses questions. Il faut s’entendre sur le choix d’un cloud interne ou externe, privé ou public, etc. Mais nous sommes là pour aider les entreprises à faire le bon choix, notamment face à des prestataires toujours plus nombreux.