Héberger les applications dans le cloud plutôt qu’en local peut générer des économies… à condition d’y veiller attentivement. Quelles sont les meilleures tactiques pour contrôler les coûts du cloud ?
Dans le cloud, les sources de dépenses improductives sont multiples. Quelques illustrations :
Les ressources non utilisées
Les serveurs virtuels actifs mais inutilisés constituent une forme de gaspillage de l’industrie du digital. C’est le cas par exemple d’un serveur activé pour une phase de test, qui n’est jamais remis en veille, ou de bases de données utilisées par une application à un moment donné, et qui ne sont ne plus reliées à une instance par la suite. Ces bases de données “abandonnées” sur les serveurs peuvent engendrer des coûts cumulés importants. Ils ne doivent pas être négligés. Dans l’univers du cloud, le gisement d’économies potentielles est considérable.
Les serveurs sur-dimensionnés
Un serveur avec plus de ressources CPU affectées qu’il n’en a besoin en réalité, avec un budget alloué sur-dimensionné, représente une illustration de dépenses mal employées dans le cloud.
Des capacités de stockage mal calibrées
La plupart des fournisseurs de cloud propose des gammes d’options élargies avec des offres de service qui s’enrichissent par palier. Typiquement, la rapidité d’exportation des données d’un service cloud peut considérablement varier d’une offre à l’autre. En général, les offres cloud les plus économiques sont destinées au stockage simple des données. En effet les archives ou les sauvegardes n’ont pas vocation à être consultées fréquemment. Retenir des options cloud non directement requises pour l’activité, contribue à alourdir inutilement la facture.
Les transferts de données non justifiés
La plupart des contrats de location de serveurs prévoit une facturation pour les ajouts ou les extractions de données (egress) du cloud, sauf dans le cas d’un transfert de données au sein d’un même cloud. D’une certaine manière, les coûts de transferts sont inévitables, de même que l’accès aux données hébergées dans le cloud. En revanche, les surcoûts engendrés par des accès infondés ou inutiles aux données sont superflus.
La maîtrise des dépenses du cloud
Les outils appropriés permettent de combattre ces coûts parfois peu visibles qui parasitent les factures des fournisseurs cloud.
C’est déjà ce que permettent les outils de reporting et de monitoring proposés par défaut par l’ensemble des fournisseurs du cloud. Ils offrent généralement des fonctions de contrôle assez minimales, mais reconnaissons qu’un fournisseur de cloud ne cherche pas en priorité à faire baisser les factures. Par exemple ces outils ne proposent habituellement pas d’identifier l’origine des variations de dépenses dans les facturations cloud.
A contrario, les solutions de cloud management conçues par des éditeurs indépendants, peuvent faciliter l’identification des dépenses inutiles au sein d’une infrastructure cloud. Ces solutions visent l’optimisation continue des dépenses cloud.
Quelles actions pour reprendre la main sur les dépenses du cloud ?
Right-sizer les serveurs
L’optimisation des coûts commence par le réglage minutieux des instances serveur. Le choix du type d’instance qui correspond le mieux à la charge de travail réelle est la première étape. Le fonctionnement d’une instance avec trop peu de ressources sera dégradé dans les périodes de forte sollicitation. Cependant l’adjonction de ressources inutiles à l’activité génère des coûts superflus. Ainsi, le right-sizing – le travail de réglage des instances en face des besoins réels – exige une évaluation attentive de la charge de travail avérée nécessaire, et une capacité de prévoir l’évolution future des besoins.
Le right-sizing exige une capacité de prévoir l’évolution des besoins.
Ensuite, l’optimisation exige d’identifier l’instance la mieux ajustée aux exigences de l’activité. La plupart des fournisseurs de cloud proposent plusieurs dizaines de type d’instances. D’une certaine manière, le right-sizing doit rester une étape assez artisanale pour aligner méthodiquement l’allocation des ressources serveurs avec les besoins opérationnels réels.
Couper les ressources inutilisés
La connaissance intime des ressources cloud réellement utilisées est capitale dans la gestion des coûts du cloud. Cette cartographie de l’ensemble des services cloud souscrits est pourtant souvent négligée. Seule cette connaissance précise garantit d’identifier l’ensemble des ressources cloud, et de les couper quand elles se révèlent inutiles. De ce point de vue, les solutions de monitoring du cloud sont précieuses. Elles permettent d’alerter sur les anomalies : une base de données qui n’est reliée à aucune application, un serveur virtuel non sollicité pendant une certaine période, etc.
La connaissance intime des ressources cloud réellement utilisées est capitale
Bien sûr, pour ne pas découvrir des ressources inutilisées, le mieux serait de ne jamais les avoir créées. C’est pourquoi il est opportun d’établir les principes qui décrivent les conditions dans lesquelles les responsables doivent ouvrir – ou non – une ressource, ou fermer celles qui ne sont plus utilisées.
Changement automatique de dimension
Mais au delà des méthodologie de right-sizing, il est existe des solutions capables d’augmenter ou de baisser automatiquement les capacités de stockage. Ces automatisations permettent de faire varier les ressources cloud en fonction des besoins réels des métiers. Avec ces outils proposés par la plupart des fournisseurs, un réglage d’utilisation basse par défaut peut être implémenté, avec des adaptations aux pics ponctuels d’activités.
Les transferts de données exigent une attention particulière.
Habituellement, les transferts de data déclenchent des facturations de la part du fournisseur de service cloud. Cependant, la nature des mouvements qui déclenchent ces facturations dépend des offres. Savoir bien lire les offres et les contrats proposés s’avère indispensable, notamment les grilles tarifaires de transfert de données. Ainsi, si un fournisseur facture les entrées de données (egress), il faut s’assurer que cela ne concerne pas les applications qui ont besoin d’accéder à ces données au quotidien. Les coûts d’egress qui s’imposent sur les transferts de data vers une application hébergée en local peuvent se révéler extraordinairement élevés.
Les atouts du stockage dans le cloud.
Les conditions des fournisseurs de cloud pour les offres de stockage sont très variables. Il est recommandé d’identifier l’offre adaptée pour chaque usage spécifiquement, en prenant notamment en compte la fréquence d’accès. Quelle que soit l’offre retenue, connaître le temps nécessaire pour exporter les données afin d’y accéder est fondamental. Cela permet d’être prêt à affronter un scénario catastrophe de récupération de données en toute connaissance de cause.
Les offres discount adaptées pour certains usages.
La plupart des fournisseurs proposent des serveurs virtuels à des prix cassés sous certaines conditions. Ainsi, AWS propose des “instances spots” qui permettent d’accéder à des infrastructure supplémentaires avec des remises jusqu’à 90% par rapport à une infrastructure comparable avec un accès sur demande. Dans le cas d’une infrastructure “low cost”, l’accès permanent aux données peut ne pas être garantie. Ces instances ne sont pas pertinentes pour les applications avec des charges de travail continues. En revanche, une entreprise peut réaliser des économies importantes en profitant des instance discount pour des fonctions régulières comme l’analyse de données par exemple, qui n’exigent ni une disponibilité instantanée, ni une vitesse d’exécution très performante. De la même manière, les fournisseurs prévoient des conditions commerciales plus agressives pour de la disponibilité de stockage réservée en avance, par rapport aux mêmes serveurs disponibles immédiatement.
Le cloud cost management est une matière complexe. Aucun stratagème standardisée, ou d’outil miraculeux pourra régler toutes les contraintes subtiles rencontrées dans l’intégration d’une solution cloud. Au contraire, la maîtrise des dépenses du cloud exige du sur-mesure et une attention constante face au grand nombre de sources de gaspillages potentiels. Les dépenses improductives du cloud n’ont qu’à bien se tenir.
Article publié sur Search Cloud Computing.